Ni Merci, ni Pardon
Notre rĂ©action Ă la loi de rĂ©paration des personnes condamnĂ©es pour homosexualitĂ© : on ne se contentera pas de miettes đ€
Notre rĂ©action Ă la loi de rĂ©paration des personnes condamnĂ©es pour homosexualitĂ© : on ne se contentera pas de miettes đ€
Hier, le SĂ©nat a adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© la loi portant sur la rĂ©paration des personnes condamnĂ©es pour homosexualitĂ© entre le 8 fĂ©vrier 1945 et le 4 aoĂ»t 1982.
En cela, la RĂ©publique française reconnaĂźt avoir Ă©tĂ© source de âsouffrances et de traumatismeâ envers les homosexuels.
Et câest tout.
Si la proposition de loi originelle proposait une maigre rĂ©tribution Ă quelques invertis condamnĂ©s, le sĂ©nat a supprimĂ© lâamendement de dĂ©dommagement Ă©conomique.
Les homosexuels ne mĂ©ritent pour lâĂtat pas un seul centime, ni nos associations de lutte contre lâhomophobie, ni nos archives, ou nos lieux de vie.
Pas un centime ne sera versĂ© symboliquement aux victimes de cette rĂ©pression, alors que le nombre de personnes survivantes est de lâordre de quelques dizaines ou centaines dâindividus dâaprĂšs les historiens.
La version finale de la loi se contente dâun pardon, faible et administratif.
Pardon, dâavoir embarquĂ©, contraventionnĂ© et enfermĂ© des homosexuels selon deux lois bien prĂ©cises dont une qui mentionne explicitement lâhomosexualitĂ© comme un âflĂ©au socialâ.
Pas un mot sur la construction par lâĂtat dâun climat qui permet la rĂ©pression, par des lois plus floues les unes que les autres visant la âdĂ©baucheâ de mineurs de moins de 21 ans, âoutrage Ă la pudeurâ ou aux âbonnes mĆursâ.
Rien non plus sur les consĂ©quences sociales dâun tel climat : perte de travail, de logement, rupture familiale Ă la suite dâune condamnation pour homosexualitĂ©, bien quâelle ne portait pas ce nom.
Et parfois mĂȘme sans condamnation.
Rien sur la violence de lâexercice de cette rĂ©pression.
Rien sur les descentes policiÚres, rien sur les détentions, rien sur le fichage des pédés par la préfecture, rien sur la complaisance vis-à -vis des attaques hétéro-fascistes.
COMBIEN DE PĂDĂS CASSĂS, ABĂMĂS, TUĂS DANS LES BARS ET LES PISSOTIĂRES ?
Rien sur le rĂŽle de la police faisant toujours de lâexcĂšs de zĂšle, se plaignant de ne pas avoir assez de lois contre les homosexuels, instituant la peur, lâisolement, la haine de soi et menant au suicide,
hier comme aujourdâhui.
La rĂ©pression Ă©tatique de lâhomosexualitĂ© ne se cantonne pas Ă lâHexagone.
Cette politique répressive a aussi été instituée dans les territoires colonisés et existe toujours malgré les indépendances. Quelle réparation pour les Libanais ou les Tunisiens, qui subissent encore les sévices des lois coloniales françaises ?
Enfin, elle ne se cantonne pas seulement cette période du 8 février 1945 au 4 août 1982, elle existait avant et elle existe aprÚs.
Aujourdâhui, cette loi est promulguĂ©e alors que les reprĂ©sentants de la Manif pour Tous sâenchaĂźnent au gouvernement.
LâextrĂȘme droite frappe toujours, la police aussi.
Nous ne sommes pas dupes, cette loi construit un discours historique institutionnel révisionniste, effaçant des pans entiers de la répression étatique.
Câest le pardon dâune France idĂ©alisĂ©e, qui aurait cessĂ© dâexister sous Vichy, alors que ses lois ont perdurĂ© Ă la chute du rĂ©gime fasciste et Ă©taient dĂ©jĂ discutĂ©es sous la IIIĂšme RĂ©publique.
HĂ©ritier.Ăšre.s des luttes passĂ©es, nous nâoublions pas.
Nous ne pardonnons pas.
Refusons ces excuses minables qui ne seront jamais Ă la hauteur et qui permettent Ă un Ătat encore et toujours homophobe de se blanchir.
Seules lâorganisation et la solidaritĂ© des Trans.PĂ©dĂ©s.Gouines contreront la rĂ©pression.