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đŸłïžâ€đŸŒˆ Mois des fiertĂ©s : Des paillettes Ă  lĂ  grĂšve đŸš©

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Le 17 mai, journĂ©e internationale contre la transphobie, la lesbophobie et l’homophobie ouvre traditionnellement le mois des Prides. Cette annĂ©e ne fait pas exception, ce mois se dĂ©roulera dans un contexte politique violent pour nos communautĂ©s. Mais c’est aussi le moment de reprendre le pavĂ© avec fiertĂ© et refuser d’ĂȘtre une marchandise comme une autre dans le systĂšme capitaliste. Faisons de ce mois de pride, un mois de lutte et organisons la riposte.

Par Les Inverti.e.s ·

NI À RÉCUPÉRER, NI À BROYER

Aujourd’hui en France, comme dans de nombreux endroits du monde, l’extrĂȘme droite est aux portes du pouvoir, alors qu’on assiste Ă  un durcissement violent de l’appareil de rĂ©pression Ă©tatique et Ă  un racisme d’État en roue libre.
Nous avons ainsi vu le ministre de l’intĂ©rieur Bruno Retailleau fĂ©liciter le collectif d’extrĂȘme droite NĂ©mĂ©sis ou scander “À bas le voile”, nous montrant la centralitĂ© de l’islamophobie dans la situation politique actuelle.

Alors que nous voyons les digues sauter entre l’extrĂȘme droite et la droite traditionnelle ou les macronistes, nous peinons Ă  gauche Ă  proposer une contre-offensive qui permette de changer le rapport de force.


Dans le mĂȘme temps, la transphobie et toutes les paniques morales autour de la question du genre, structurent la nouvelle internationale fasciste avec des consĂ©quences concrĂštes et matĂ©rielles pour les personnes trans, Ă  l’image de ce qu’il se passe aux États-Unis ou encore au Royaume-Uni.

Évidemment, la France n’est pas en reste dans l’offensive transphobe, que ce soit sur l’accĂšs Ă  la PMA ou sur la proposition de loi concernant la transition des mineur.es, en opposant systĂ©matiquement l’argument d’une enfance qu’il faudrait “protĂ©ger”.

Cet argument, c’est celui dĂ©jĂ  utilisĂ© par la Manif Pour Tous il y a 10 ans et contre la dĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ© il y a 40 ans.
Nous connaissons bien ces discours réactionnaires qui reviennent de maniÚre incessante en changeant seulement de cible.


ParallĂšlement, nous avons vu le capitalisme rĂ©cupĂ©rer nos identitĂ©s avec une politique de pinkwashing Ă  tous les Ă©chelons, nous transformant, nous et nos relations sexuelles et sociales en marchandise : avec des produits au couleur de l’arc-en-ciel ou encore des applications de rencontre au service des publicitaires.
Cet Ă©tat de fait a Ă©tĂ© renforcĂ© par la stratĂ©gie de lobbying qui a Ă©tĂ© utilisĂ©e ces vingt derniĂšres annĂ©es, ne nous offrant plus que deux uniques possibilitĂ©s : la rĂ©cupĂ©ration ou l’écrasement par un retour Ă  l’ordre moral violent.

Ce pinkwashing et l’homonationalisme qui en a dĂ©coulĂ©, aujourd’hui se craquellent.
On le voit, au moment oĂč les entreprises retirent prestement leur rainbow flags, Ă  peine quelques jours aprĂšs la réélection de Trump.
Leurs engagements disparaissent aussi vite qu’ils Ă©taient apparus.
Nous retrouvons la place que nous n’aurions jamais dĂ» quitter : les marges.
C’est parce qu’il n’y aura jamais de sortie de l’oppression par le capitalisme, quand bien mĂȘme il accorde une petite place, si l’on accepte de ne pas trop en dĂ©border.


NOTRE IDENTITÉ : C’EST LA LUTTE

Si nous sommes transpĂ©dĂ©gouines, c’est parce que nos dĂ©sirs, nos sexualitĂ©s, nos identitĂ©s se confrontent Ă  l’ordre Ă©tabli, parce que nous mettons au jours la violence d’un systĂšme tout Ă  la fois capitaliste, patriarcal et hĂ©tĂ©rosexuel.
Nous mettons au jour la violence familiale dans sa fonction de reproduire la force de travail.
C’est ce systĂšme qui a fait de nous des trans, des pĂ©dĂ©s et des gouines et nous reprenons cette identitĂ© pour en faire le symbole de nos luttes.
Au contraire de ce que l’on essaye de nous faire croire, nous ne pensons pas que les questions d’identitĂ©s ou de sexualitĂ©s sont des questions de “sociĂ©tĂ©â€.
La structure familiale, la violence et l’aliĂ©nation dans l’éducation ont des fonctions dans l’appareil de production.

Par notre besoin de sortir de l’oppression, en posant des questions sur la domination, sur le dĂ©sir, nous parlons de la sociĂ©tĂ© que nous voulons construire.
Quand nous disons que nous avons besoin de temps pour baiser, nous parlons du rapport de l’aliĂ©nation au travail dans le capitalisme.

On voudrait nous faire croire que les TPG sont en dehors du prolétariat, alors que pour la majorité de notre communauté, nous sommes des travailleuses et des travailleurs, en proie aux salaires trop bas, à la précarité, aux conditions de travail dégradées.
C’est ce que nous avions dit il y a trois ans lors de la mobilisation contre la rĂ©formes des retraites : les luttes TPG sont la lutte des classes, et la lutte des classes est notre lutte.


VERS UNE AUTRE SOCIÉTÉ

C’est ce que disaient dĂ©jĂ  celles et ceux qui sont venu.e.s et qui ont luttĂ© avant nous et qui avaient conscience que toutes ces luttes devaient faire corps pour renverser le systĂšme qui tout Ă  la fois nous exploite et nous opprime.
Ce n’est pas pour rien que le FHAR a choisi de dĂ©filer le 1er mai 1971, ce n’est pas pour rien que dans les GLH (Groupes de LibĂ©ration Homosexuelle), il y avait aussi des militant.e.s du mouvement ouvrier et rĂ©volutionnaire.

La situation paraĂźt parfois impossible Ă  rĂ©soudre, comme s’il n’y avait qu’un seul sens Ă  l’Histoire qui nous envoyait droit dans le mur, a fortiori quand le gouvernement dĂ©cide de dissoudre des organisations antifascistes ou pro-palestiniennes.
Mais au contraire, c’est le signe que nous n’avons pas le choix.
Nous n’avons pas le choix que de construire une autre sociĂ©tĂ©, Ă©galitaire, oĂč nous pourrions vivre librement.


Nous voulons, nous les inverti.e.s, profiter de ce mois des Prides pour nous organiser et construire la riposte, pour, avec d’autres, proposer un contre-projet de sociĂ©tĂ© et nous doter d’une stratĂ©gie pour y parvenir.

Ces derniĂšres annĂ©es, notre communautĂ© a relevĂ© la tĂȘte et a repris le chemin de la politisation que ce soit lors de la mobilisation des retraites, pour soutenir les palestinien.ne.s et refuser que l’État d’IsraĂ«l utilise nos identitĂ©s pour commettre un gĂ©nocide “In the Name of Love”, pour organiser massivement les TPG Ă  faire campagne pour le Nouveau Front Populaire quand le fascisme est Ă  nos portes et qu’il est minuit moins le quart dans le siĂšcle.
Ces mobilisations se sont parfois soldées par des échecs, mais nous avons appris à nous organiser, à reprendre le chemin de la solidarité, y compris internationale.


Nous avons battu en brĂšche des discours rĂ©actionnaires et nous sommes allĂ©s contre l’air du temps, de plus en plus brun, avec les outils qui sont les nĂŽtres et dont nous avons hĂ©ritĂ© :
ceux du mouvement ouvrier et des folles qui descendent dans la rue.
Des paillettes Ă  la grĂšve.

On se tient au jus pour nos prochaines actus ?
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