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Le bloc du centre agonise, que la rue le débranche !

Le bloc du centre agonise, que la rue le débranche !

La semaine qui vient de s’écouler a paru Ă  beaucoup comme une mauvaise comĂ©die. Frisant le ridicule, on aurait pu presque en rire, si les consĂ©quences n’étaient pas aussi graves.

Par Les Inverti.e.s ·

Je n’ai pas d’autre ambition que de sortir de ce moment qui est trĂšs pĂ©nible pour tout le monde.

Sébastien Lecornu, Premier Ministre, 11 octobre 2025

On vous rĂ©sume les derniers Ă©pisodes tout sauf lĂ©gendaires de la politique française : l’enfant prodige de la Ve RĂ©publique, symbole du renouveau politique et fanboy du Ier empire, a cassĂ© son jouet. AprĂšs une dissolution de l’AssemblĂ©e Nationale ratĂ©e : impossible de retrouver une tĂȘte Ă  la poule dĂ©capitĂ©e ! La main vide et seul joueur autour de la table, il a finalement choisi de ne rien faire : prĂ©server son gouvernement dĂ©missionnaire en s’appuyant sur un vide constitutionnel et finalement nommer une figure de la vieille droite Ă  la tĂȘte de l’État. Mais ça, ce n’était que le dĂ©but. D’abord la tragĂ©die, ensuite la farce, nous apprend le vieux Marx : c’est donc Bayrou, qui arrache la suite de Barnier aprĂšs la chute prĂ©visible du dernier. Et parce que l’Histoire semble aujourd’hui tourner au comique de rĂ©pĂ©tition, il a bien fallu qu’il tombe Ă  son tour au bout de quelques mĂ©diocres tours de piste, pour laisser place Ă  l’un des proches du PrĂ©sident de la RĂ©publique. SĂ©bastien Lecornu n’a pas souhaitĂ© changer une Ă©quipe qui perd : trois semaines pour nommer le mĂȘme gouvernement sortant et ressusciter Bruno Le Maire, qui dĂ©clenchant l’ire de l’autre Bruno (Retailleau), s’est alors retirĂ© de la fine Ă©quipe, entre-temps dĂ©jĂ  sortie du chapiteau. Puis, on aura eu droit Ă  la dĂ©mission de Lecornu, au retour de Lecornu pour 48h, aux dĂ©clarations assassines du camp prĂ©sidentiel, chacun cherchant une bouĂ©e Ă  laquelle se raccrocher pour 2027. La meilleure mauvaise blague Ă©tant attribuĂ©e Ă  Elisabeth Borne qui pour dĂ©baucher quelques arrivistes “de gauche” prĂ©fĂšre suspendre la rĂ©forme des retraites, aprĂšs l’avoir construite et l’avoir faite passer en force Ă  coups de 49.3. Pour arriver mercredi soir, au statu quo, Lecornu prĂ©tendant qu’une plateforme de stabilitĂ© Ă©tant possible et une partie de la gauche croyant toujours au PĂšre NoĂ«l (soit la possibilitĂ© de gouverner sous Macron Ier). Tout ça pour un come-back de Lecornu 1er ministre qui dĂ©montre l’isolement du camp prĂ©sidentiel. Sans s’attarder sur la nomination de l’ex patron de SystĂšme U Ă  Bercy ou du prĂ©fet Nunez Ă  l’intĂ©rieur, sur l’éternel recyclage de Darmanin et de Dati ou sur le dĂ©bauchage le six ministres LR (pourtant 5Ăšme groupe parlementaire Ă  l’AssemblĂ©e Nationale), le soi-disant gouvernement technique dĂ©tachĂ© des ambitions prĂ©sidentielles n’est qu’un Ă©niĂšme gouvernement Macron, pied poing liĂ© attachĂ© Ă  sa personne, son programme, ses intĂ©rĂȘts.

Aux inverti·es, bien sĂ»r, on rit jaune. Nous savons, parce que nous avons la mĂ©moire de nos luttes et de celles et ceux qui sont passĂ©s avant nous, que l’extrĂȘme droite se cache en embuscade. La colĂšre monte contre un rĂ©gime Ă  l’agonie, prĂȘt Ă  abattre mĂ©thodiquement chacune de nos conquĂȘtes sociales pour faire perdurer un capitalisme tardif en crise. Au vu de la situation, l’heure est venue de tirer le bilan des mobilisations de cette rentrĂ©e, de tracer une feuille de route vers nos victoires et de s’affronter Ă  la possibilitĂ© fasciste que cette crise engendre. TranspĂ©dĂ©gouines, en avant !


Instabilité politique, inflation économique et intersyndicale apathique

Les coordonnĂ©es de la situation sont connues depuis longtemps : des salaires bas, une inflation galopante, un chĂŽmage qui progresse. Macron s’est attaquĂ© Ă  nos retraites et l’immense mouvement social qui en a dĂ©coulĂ© n’a pas construit un rapport de forces suffisant pour l’en empĂȘcher. Le soi-disant bloc du “centre”a plus attaquĂ© nos droits et nos acquis sociaux que jamais tout en rĂ©primant massivement nos mobilisations, en particulier le mouvement pro-palestinien. Et la casse de nos droits se poursuit par une restrictions budgĂ©taires dans tous les secteurs. Tout en mĂȘme temps, l’augmentation du budget de la dĂ©fense illustre la position va-t-en-guerre de ce gouvernement. Encore et toujours, les ventes d’armes Ă  l’état d’IsraĂ«l continuent, tandis qu’un gĂ©nocide se dĂ©roule sous nos yeux. Alors que l’aprĂšs dissolution provoque une “majoritĂ©â€ prĂ©sidentielle de plus en plus affaiblie, le gouvernement plonge sa tĂȘte dans le sable et poursuit sa politique de rĂ©gression sociale. En face, notre colĂšre a bien du mal Ă  se structurer Il aura fallu le budget de la honte annoncĂ© par Bayrou, pour mettre le feu aux poudres. L’attaque sur les questions de santĂ© et sur l’ALD montre l'ampleur de la violence de ce gouvernement et doit faire rĂ©agir notre communautĂ© de plus en plus prĂ©carisĂ©e.

AprĂšs le 10, le 18 puis le 2, silence radio du mouvement social Aucune autre date Ă  l’horizon, aucun secteur en grĂšve reconductible, une mise en place de l’auto-organisation extrĂȘmement faible. RĂ©sistons pour autant au dĂ©faitisme rĂ©volutionnaire pour tirer bilan de cette premiĂšre sĂ©quence de mobilisation. La mobilisation dĂ©bute par un mouvement auto-organisĂ©, proche des Gilets Jaunes, mais cette fois-ci soutenu par les partis de gauche et les syndicats, forçant l’extrĂȘme droite Ă  l’abandonner. DĂšs le petit matin les blocages se multiplient, souvent contenus par une rĂ©pression policiĂšre massive et violente. Jamais une date nationale structurĂ©e par l’auto-organisation n’avait pris autant d'ampleur. La mobilisation reste pour autant dans de nombreux endroits presque exclusivement militante et n’organise pas le dĂ©brayage. Sans suite ni perspective, elle n’a pas pu permettre la construction du mouvement.

C’est pour autant la relative rĂ©ussite du 10 qui a permis le 18. Si le choix d’une date Ă  une semaine d'intervalle, sur le modĂšle du mouvement des retraites, a entraĂźnĂ© de nombreuses critiques, l’ampleur de la colĂšre a permis son succĂšs : un million de personnes dans la rue. En l’absence d’un gouvernement et d’une proposition de budget, la foule dĂ©montre une colĂšre sociale large contre le Macronisme. Nous ne voulions plus seulement nous dĂ©fendre, nous voulions gagner. Dans le mĂȘme temps, le 18 restait une date isolĂ©e, sans stratĂ©gie de long terme. Le faux ultimatum posĂ© par l’intersyndicale le 24 a dĂ©montrĂ© cette absence de perspective. À la fois Ă©loignĂ©e de la colĂšre spontanĂ©e et de la nĂ©cessitĂ© de construire la grĂšve sur le long terme, la date du 2 semble avoir finalement clĂŽturĂ© par sa faiblesse la sĂ©quence de mobilisation de la rentrĂ©e. De notre cĂŽtĂ©, nous avons vu les mĂȘmes problĂšmes se poser, Ă  l’échelle de l’auto-organisation de notre communautĂ©. Si la premiĂšre AG comptait plus de 250 personnes autonomes ou organisĂ©es, les collectifs l’ont trĂšs vite dĂ©sertĂ© et le nombre de participant‱e‱s a significativement baissĂ©. C’est qu’il est difficile de continuer une mobilisation sans grĂšve reconductible et sans objectif clair permettant d’unifier durablement la classe. Sans ces objectifs, une minoritĂ© de convaincu.e.s a tendance Ă  s’appuyer sur les seules fractions radicales, alors qu’il faut encore construire le mouvement avec toustes.

En parallĂšle le spectre de la social-dĂ©mocratie gagne de l’ampleur et Ă©loigne les possibilitĂ©s d’auto-organisation et de grĂšve massive.

On le retrouve principalement au niveau des revendications Ă©conomiques. “Taxer les riches”, un slogan qui pendant longtemps Ă©tait assez marginal et relĂ©guĂ© Ă  “l’extrĂȘme gauche” est dĂ©sormais brandi par moults pancartes Ă  chaque mobilisation syndicale. Il a notamment progressĂ© dans le dĂ©bat public suite Ă  la proposition de l'Ă©conomiste, Gabriel Zucman d’un impĂŽt plancher de 2% sur le patrimoine des ultra-riches. Cette mesure, initialement aussi marginale que le slogan, a gagnĂ© en force et dĂ©sormais nombre d’économistes, y compris “pro-business” (comprendre pro-libĂ©ralisme) y sont favorables. Ceux-ci ont mĂȘme rĂ©digĂ© une tribune pour dĂ©fendre la taxe dans le monde. Les partis ne sont pas en reste, notamment le PS (encore et toujours lui), qui avait fait de la taxe Zucman une condition d’acceptation du budget du gouvernement Lecornu I.

Nous ne cherchons pas ici Ă  critiquer les politiques de redistribution des richesses, dont la taxe Zucman peut faire partie. Non, ce que nous pointons du doigt c’est le danger d’ériger une mesure en totem.

A fortiori quand mĂȘme le PS est d’accord avec, ce qui devrait tous et toutes nous inquiĂ©ter. Parmi les tribunes qui ont fleuri pour dĂ©fendre cette taxe, rappelons que tous les motifs Ă©voquĂ©s n'Ă©taient pas nobles : l’ex-prĂ©sident de Natixis y a vu une opportunitĂ© pour pousser les ultra-riches Ă  placer plus de leurs fonds dans des dispositifs financiers. Si la taxe Zucman peut ĂȘtre un pas dans la bonne direction, il ne faut pas oublier qu’elle n’est que cela : un pas, pas l’horizon du chemin. Et se concentrer sur celle-ci laisse Ă  craindre qu’en parallĂšle, d’autres politiques de casse sociale soient votĂ©es. Nous n’arrĂȘtons pas d’en avoir la preuve, le rĂ©formisme, y compris fiscal, ne peut suffire. 

Aucune mesure de redistribution des richesses produite ne pourra pallier l’impĂ©ratif de socialisation des moyens de production : il n’y a pas de rĂ©forme magique, chaque progrĂšs est un pas en avant mais aucun d’entre eux seuls ne pourrait soigner les maux d’un capitalisme Ă  bout de souffle.


Communisme ou Barbarie ? Au cƓur des contradictions, la possibilitĂ© fasciste

La situation que nous vivons en France est Ă  mettre en lien avec la situation et le rapport de forces entre les classes du reste du monde. Au regard de la crise Ă©conomique, la bourgeoisie prĂ©fĂšre se ranger derriĂšre l’extrĂȘme droite plutĂŽt que de consentir Ă  cĂ©der ne serait-ce qu’un iota sur le plan des mesures sociales. En tĂ©moigne l’élection de Trump ou de Meloni et cela a des consĂ©quences sur nos vies. La fascisation de la sociĂ©tĂ© et les consĂ©quences violentes pour les personnes migrantes et trans aux États-Unis sont un vĂ©ritable rouleau compresseur. Et si en France, la bourgeoisie continue de pencher plutĂŽt en faveur des macronistes, l’instabilitĂ© et le chaos pourraient les faire reconsidĂ©rer un soutien au RN, ce qu’on peut dĂ©jĂ  constater dans l’absence d’étanchĂ©itĂ© entre la vieille droite et l’extrĂȘme droite De toutes façons, les Ă©lĂ©ments de fascisation n’ont pas attendu un gouvernement d’extrĂȘme droite : les mandats de Macron se sont caractĂ©risĂ©s par un racisme en roue libre et des remises en cause rĂ©guliĂšre de l’état de droit. C’est ce qu’on a pu voir dĂšs les lĂ©gislatives, avec la diabolisation du NFP en particulier de LFI, dont le programme ne fait que remettre au goĂ»t du jour les vieux totems de la social-dĂ©mocratie. Nous n’oublions pas l’histoire: plutĂŽt Hitler que le Front Populaire, disait les bourgeoisies des annĂ©es 30.

Cette crise institutionnelle favorise l’extrĂȘme droite, qui peut Ă  nouveau se poser comme l’opposition, quand bien mĂȘme c’est elle qui a sauvĂ© de nombreuses fois le gouvernement Macron de la censure, puis derniĂšrement de la destitution. Au contraire, le mouvement social n’arrive pas Ă  construire de rapport de forces suffisant pour gagner par la rue ou par la grĂšve. La rĂ©ponse institutionnelle forcĂ©ment insuffisante peine Ă  produire un espoir. Le fascisme imprĂšgne de plus en plus la sociĂ©tĂ© française, les mĂ©dias, la vie politique et culturelle Ă  grand renfort de financement par BollorĂ©. La menace est bien prĂ©sente et notre communautĂ© doit l’affronter.

Nous ne devons pas nous laisser berner par l’homonationalisme qui produit le discours oĂč il y aurait d'un cĂŽtĂ© l'Occident havre de paix et de civilisation avec son petit lot de LGBT qu'on peut tolĂ©rer tant qu'ils ne font pas trop de vagues et d'un autre cĂŽtĂ© le monde non occidental qui serait sauvage arriĂ©rĂ© et surtout fonciĂšrement homophobe.

Ce rĂ©cit homonationaliste se sert de nos identitĂ©s et de nos vĂ©cus pour justifier les pires politiques racistes, il cherche Ă  nous faire croire que c'est Ă  cause des migrant.e.s et des musulman.e.s que nous subissons nos oppressions. C'est aussi un rĂ©cit qui met en avant un sujet LGBT policĂ©, normĂ© et vide de tout dissidence. Mais nous ne sommes pas dupes : aucune mesure contre l’homophobie dans le programme du RN aux derniĂšres prĂ©sidentielles, et une extrĂȘme droite qui s’inscrit totalement dans la lignĂ©e des politiques de casse sociales de la droite : vote contre le gel des prix de l'Ă©nergie, contre la hausse du SMIC, contre l’abrogation de la rĂ©forme des retraites, annonce de la volontĂ© de supprimer le rĂ©gime d’intermittence alors que notre communautĂ© est particuliĂšrement prĂ©carisĂ©e. Dans la pĂ©riode actuelle, avec la possibilitĂ© d’une dissolution ou d’une prĂ©sidentielle anticipĂ©e, nous devons prendre pleinement la mesure de ce que signifie une potentielle prise de pouvoir de l’extrĂȘme-droite et faire front commun avec les forces de gauche sur la base d’un programme de rupture.

Pendant que l’extrĂȘme-droite et la bourgeoisie sont en train de vivre leur meilleure romance, Ă  gauche la tendance est plutĂŽt aux coups bas et aux dĂ©chirements. Force est de constater qu’un grand nombre de forces politiques ne prennent pas pleinement au sĂ©rieux la menace fasciste. S’unir est une nĂ©cessitĂ© face Ă  la possibilitĂ© de l’extrĂȘme-droite au pouvoir. Vouloir l’unitĂ© ce n’est pas reculer sur nos positions ou estimer que les divergences du bloc de gauche sont des broutilles. Ces divergences sont bien rĂ©elles et sont le reflet de positions et de stratĂ©gies politiques fonciĂšrement diffĂ©rentes.

Mais face Ă  l’effondrement du bloc prĂ©sidentiel, c’est Ă  nous de nous unir sur des bases antifascistes. Cette union doit ĂȘtre celle des secteurs en lutte, de celleux qui veulent transformer ce systĂšme qui nous opprime et nous exploite et non pas une simple stratĂ©gie Ă©lectorale.

La construction par en bas doit ĂȘtre notre boussole, le mouvement du 10 septembre a d’ailleurs montrĂ© que la colĂšre gronde et qu’il existe un vĂ©ritable dĂ©sir d’organisation. C’est par la lutte que nous retrouverons notre dignitĂ©. La question Ă©lectorale est nĂ©anmoins bien prĂ©sente car laisser l’appareil d’état aux forces d’extrĂȘme droite est un risque que nous ne pouvons pas encourir. En tant que transpĂ©dĂ©gouines rĂ©volutionnaires nous savons que nous serons en premiĂšre ligne des attaques. Par ailleurs, notre solidaritĂ© avec les migrant‱e‱s et les personnes racisĂ©es doit ĂȘtre indĂ©fectible. 

L’union Ă©lectorale est la condition nĂ©cessaire pour garantir notre possibilitĂ© de lutter. Cette union doit se faire sur les bases d’un vĂ©ritable programme de rupture qui permet l’amĂ©lioration immĂ©diate de nos conditions de vie. Et si trahison il y a nous serons Ă  nouveau dans la rue pour arracher des victoires.


Construire la grÚve générale et reconductible : les TPG en premiÚre ligne

Face Ă  ces constats, pas des plus joyeux il est vrai, que reste-t-il de nos amours, Ă  savoir la grĂšve et la rĂ©volution? Au risque de paraĂźtre dĂ©modĂ©s, nous maintenons qu’elles sont la seule solution. Et face au discours majoritaire Ă  gauche de ces derniĂšres annĂ©es, qui veut que les mobilisations s'essoufflent et ne tiennent plus dans le temps, nous voudrions commencer par rappeler quelques Ă©lĂ©ments plus positifs. Car si les mobilisations syndicales ont certes du mal Ă  gagner faute d’une stratĂ©gie Ă  la hauteur du rapport de force, la sĂ©quence de septembre l’illustre : la colĂšre dans notre camp est bien lĂ ., Et la seule question que nous devons nous poser, c’est comment faire de cette colĂšre le moteur du changement de sociĂ©tĂ©.

Ainsi, cela fait 2 ans que la lutte contre le génocide en Palestine a fait naitre un renouveau des mobilisations internationalistes partout dans le monde, et ce malgré une répression intense et une absence de réaction des Etats. Ce renouveau de la mobilisation ne peut que nous donner espoir : le mouvement social peut encore se mobiliser sur le temps long, malgré une répression déchaßnée.

Par ailleurs, au-delĂ  du mouvement en lui-mĂȘme, il est intĂ©ressant de constater le renouveau que cette mobilisation a apportĂ© en termes d’actions.

De la grĂšve en Italie, au sit-in Ă  New York en passant par les initiatives internationales comme la global flotilla, voulant briser le siĂšge illĂ©gal. Face Ă  l’inefficacitĂ© des rassemblements et des manifestations, dont la nasse semble souvent la seule issue, le mouvement social tente de nouveaux chemins vers la victoire. L’annonce d’une nouvelle grĂšve dans l’État Espagnol pour la Palestine juste aprĂšs celle en Italie nous montre le chemin, nous ne sommes pas impuissant.e.s, nous pouvons agir sur ce qu’il se passe.

Au cƓur des ces mobilisations, les TPG ont Ă©tĂ© en premiĂšre ligne pour dĂ©noncer l’homonationalisme d'IsraĂ«l. Cela nous a valu le surnom de “Chicken for KFC” (vĂ©ridique) mais nous et le reste des TPG tenons bons : ce n’est pas en notre nom qu’un gĂ©nocide aura lieu !

En parallĂšle de cette mobilisation internationaliste, nous en relevons une autre, Ă  notre sens cruciale, qui touche le cƓur de notre communautĂ©. La lutte pour le droit Ă  exister dignement des personnes trans est toujours autant d’actualitĂ©, particuliĂšrement avec la progression de l’extrĂȘme droite qui a fait de la transphobie sa nouvelle marotte fasciste. À une semaine de l’Existransinter, il est urgent de mobiliser autour de cette question. Nous pensons qu’une unitĂ© la plus large possible doit permettre de construire un front de lutte et d’arracher de nouveaux droits. Ainsi faire de la lutte contre la transphobie, une prioritĂ© de l’ensemble du mouvement ouvrier, nous paraĂźt essentiel.

Mais que faire face à la crise que nous subissons alors que partis de gauche s’entretuent, que les premiers ministres s'enchaünent et se ressemblent (de plus en plus) ?

Si les moteurs institutionnels sont tous visiblement rouillĂ©s, encore une fois mĂȘme si c’est difficile, il faut tenter de construire un rapport de force dans la rue. Bloquer la production pour bloquer l’économie. Et ça, il n’y a pas 1000 maniĂšres de le faire : il faut construire la grĂšve gĂ©nĂ©rale, seul moteur d’une transformation sociale profonde. 

Nous en avons dĂ©jĂ  parlĂ© ailleurs, il faut accepter que le problĂšme de 2023 Ă©tait la faiblesse de la grĂšve reconductible et de son auto-organisation. Les mobilisations de septembre ne sont pas forcĂ©ment vouĂ©es au mĂȘme sort. Si l’auto-organisation a pĂȘchĂ©, ce n’est pas une fatalitĂ©. Il ne faut pas laisser la grĂšve aux secteurs “essentiels”. Les syndicats nous ont montrĂ© que se fier uniquement Ă  eux ne suffirait pas. Il faut donc que cette grĂšve soit active et construite, y compris en dehors des structures syndicales. Les AG doivent gagner en ampleur, des ponts entre organisations doivent se crĂ©er. Nous devons travailler Ă  faire Ă©merger des mots d’ordre et des revendications concrĂštes, positives et rĂ©ellement anticapitalistes. La popularisation de la taxe Zucman montre que le mouvement social est en manque de mesures Ă  discuter Ă  grande Ă©chelle. Comme les Gilets jaunes ont su le faire, convergeons autant que possible entre organisations sur des propositions concrĂštes de mesures radicales, pour mobiliser et sortir du seul refus de la rĂ©action.

Si les syndicats nous déçoivent, il faut forcer les directions Ă  adopter une stratĂ©gie gagnante. Nous ne pouvons nous permettre, ni de nous complaire dans des modes d’actions radicaux mais minoritaires, ni le suivisme d’une intersyndicale tirĂ©e vers le bas par des organisations rĂ©formistes. C’est vrai en tant que classe mais c’est a fortiori vrai en tant que TPG.

Aux Inverti·e·s nous sommes convaincus qu’en tant que LGBTI nous avons un rĂŽle dĂ©cisif Ă  jouer dans la pĂ©riode. Transitionner, coucher, aimer et vivre avec des personnnes du mĂȘme sexe que soi, ce n’est pas seulement remettre en cause un certain ordre moral du genre. C’est remettre en cause les bases du systĂšme contemporain de reproduction sociale : l’intangibilitĂ© des rĂŽles sexuĂ©s, le couple hĂ©tĂ©rosexuel et la famille traditionnelle. Nous dĂ©sertons ces cadres, inventons de nouveaux modes de vie, de nouvelles maniĂšres d’aimer et de baiser, subvertissons l’ordre du genre au sein d’espaces sociaux et culturels autonomes
 En ça, nous devenons l’une des plus puissantes contradictions internes au systĂšme de reproduction sociale.

Mais nous ne nous arrĂȘtons pas lĂ  : pour nous, l’homosexualitĂ© et la transidentitĂ© ne sont pas qu’affaires de reproduction. Au travail, nous subissons les mĂȘmes conditions d’exploitation que le reste des travailleurs et les travailleuses, Ă  ceci prĂšs que nos identitĂ©s nous exposent Ă  la violence Lgbtiphobe. Alors, comme les autres, nous nous mettons en grĂšve pour protĂ©ger nos systĂšmes de santĂ© et de sĂ©curitĂ© sociale, quand bien mĂȘme ceux-ci font partie des institutions qui violentent une partie de notre communautĂ©. Nous occupons des places pour refuser une rĂ©forme du Code du Travail, nous enfilons des chasubles jaunes sur les champs ÉlysĂ©es, nous bloquons nos entreprises pour protĂ©ger nos dĂ©jĂ  bien maigres retraites. Comme les autres, car nous savons que seule l’abolition de la sociĂ©tĂ© de classe permettra notre Ă©mancipation intĂ©grale, mais avec une rage supplĂ©mentaire au cƓur, celle de nos vies fracassĂ©es par l’homophobie et la transphobie. Et c’est en tenant ces deux bouts, de l’unitĂ© de la classe et du mouvement autonome transpĂ©dĂ©gouine, que nous construisons.

Nous sommes aussi dans l’incertitude mais nous savons que face Ă  une Ă©ventuelle dissolution, aux diverses attaques et batailles Ă©lectorales nous continuerons Ă  tenir le cap de l'antifascisme, de la construction par le bas, de l’unitĂ© et de la rĂ©volution. Nous construirons, avec d’autres, un mouvement social fort, prendrons la rue et mĂšnerons l’offensive contre l’extrĂȘme-droite et la Macronie. Nous n’avons pas d’autre choix que de lutter, dans les urnes, dans la rue, dans chaque espace oĂč nous pouvons arracher des victoires.

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